La parité, un combat

Yvette Roudy était samedi l’invitée de l’association Femmes solidaires. Elle a retracé la défense de la parité à travers une histoire toute française.

La Teste de Buch

La parité, un combat

Geneviève Couraud et Yvette Roudy, samedi après-midi, au Parc des expositions de La Teste-de-Buch à l’occasion du forum des Femmes solidaires. © Photo photo s. m.   sabine menet

s.menet@sudouest.fr

Après Anne Sylvestre en 2012, l'association Femmes solidaires a éclairé cette année encore son salon des Femmes créatives par la présence samedi d'une invitée de marque. Yvette Roudy, la première ministre des Droits des femmes, est venue animer un échange sur la parité en politique. Une domaine que cette infatigable militante aujourd'hui âgée de 85 ans connaît bien et qu'elle a retracé devant un auditoire majoritairement composé de femmes.

Parmi elles, Nathalie Le Yondre, maire d'Audenge, Sylviane Stome, conseillère municipale de Gujan-Mestras, et Jo Mercier, conseillère municipale de Lanton, ont été rejointes par la députée et il y a encore peu de temps ministre Michèle Delaunay.

Encadrée par Françoise Coineau, une autre femme politique élue à La Teste-de-Buch, et par Geneviève Couraud, présidente d'Élu(e)s contre les violences faites aux femmes et de l'Observatoire des droits des femmes du Conseil général des Bouches-du-Rhône, Yvette Roudy a ramené son auditoire à la genèse de la parité.

« Le mot est apparu en 1979 mais n'a été repris par le Parlement européen qu'en 1992. La déclaration adoptée lors du sommet Femmes au pouvoir d'Athènes a fait beaucoup de bruit. » Et Yvette Roudy de préciser que la mobilisation des femmes à ce moment-là s'est faite « dans l'indifférence générale des partis politiques français ».

Le manifeste des 10

Face à ce dédain, Yvette Roudy explique avoir voulu créer un choc, à l'instar du manifeste 343, dont elle fut signataire, et dans lequel autant de femmes défendaient le droit à l'avortement en précisant y avoir eu recours. « Nous nous sommes réunies, cinq femmes de gauche et cinq de droite, et avons signé un manifeste exigeant la parité et instaurant des quotas. »

Publiée en une de « L'Express », la nouvelle fait mouche. À ce moment-là, la France, classée au 15e rang Européen derrière l'Allemagne et l'Espagne, ne compte que 32 députées, soit 5,5 % de l'Assemblée nationale.

Yvette Roudy le rappelle, il y a 30 ans, le leitmotiv était plutôt : « Elles vont nous faire perdre ». L'attitude des hommes politiques français envers leurs homologues femmes se résumait au mieux à de l'indifférence et de la condescendance, au pire à du mépris et de l'hostilité. « Une place pour une femme était considérée comme une place en moins pour un homme. C'est ancré dans le système français. » Un ancrage que la féministe rattache au jacobinisme.

« La France se déclare le pays des Droits de l'homme mais la femme n'y est pas un homme comme les autres. La Révolution a été une affaire d'hommes et a oublié les femmes. » Et de rappeler si besoin était que le droit de vote n‘est apparu qu'en 1945.

« Continuer à s'accrocher »

« Le manifeste a eu pour but de transcender tous les clivages. Lorsque j'étais ministre, j'avais recensé 300 métiers d'hommes et 30 de femmes. Les choses ont un peu changé mais 2000 ans d'histoire patriarcale ne s'éradiquent pas en un demi-siècle […]. Pour faire bouger les choses et aller vers le progrès, il faut du temps. Cela ne se mesure pas à l'échelle d'une vie humaine. »

Où en est-on aujourd'hui ? Si Yvette Roudy souligne la parité du gouvernement actuel et la représentativité à 30 % des femmes à l'Assemblée nationale, elle rappelle que cela reste « le fait du prince. Et si l'on change de prince, les choses peuvent aussi changer. C'est pour cela qu'il faut continuer à s'accrocher. »

En 1999, le premier ministre Lionel Jospin a obtenu une modification de la Constitution et l'inscription de l'égalité entre les hommes et les femmes. Pour mémoire, le manifeste de 1996 demandait aussi l'adoption du scrutin proportionnel, la limitation du cumul des mandats et l'instauration d'une discrimination positive.